mercredi 26 juin 2013

L'inspecteur Dalil à Casablanca - Soufiane Chakkouche






Premier polar paru chez Casa Express Éditions il me semble, ou du moins le premier roman policier à 100%. Je ne suis pas très friande de ce genre littéraire, mais j'adore suivre des enquêtes bien menées, et celle-ci a été globalement réussie.

Dans ce roman, nous suivons l'inspecteur Dalil qui est à la poursuite d'un tueur en série, qui a choisi d'assassiner toutes les personnalités qui sont anti régime... et par conséquent fait porter le chapeau au gouvernement marocain. Cette affaire soulève des émeutes révoltées dans les rues du royaume et l'inspecteur devra agir rapidement, avant le prochain assassinat.

J'ai bien aimé suivre cette enquête, trop courte malheureusement (142 pages à peine...), j'ai bien aimé les jeux de mots utilisés par l'auteur, et qui m'ont fait pensé parfois à ceux de San Antonio, mais j'ai surtout aimé avoir cette impression que l'auteur lui-même est un vrai flic !

En revanche, ce que j'ai moins aimé, ce sont les expressions marocaines traduites littéralement en français, et qui ne veulent souvent rien dire, voire sont ridicules. J'ai aussi été dérangée encore une fois par le nombre flagrant d'erreurs et de fautes de frappe. Je trouve ça dommage.

C'est un roman qui se lit vite, avec lequel on passe un bon moment et qui nous fait découvrir un peu le côté "sale" du Maroc, avec tous ses clichés. La corruption, les préjugés, le monde des apparences, la violence de la police... et j'en passe.

J'ai bien aimé l'inspecteur Dalil, c'est un personnage intéressant, un flic intelligent, révolté et qui descend tout ce qui bouge... surtout dans sa tête. Il m'a fait sourire à plusieurs moments, et m'a écœuré à d'autres, c'est qu'il peut se montrer un peu trash parfois... Ce serait un plaisir de le retrouver dans d'autres enquêtes !

2 commentaires:

Salvadorali a dit…

@ hajar

un tueur en série qui élimine méthodiquement les opposants au régime ? et un inspecteur qui craint de voir l'état porter le chapeau ? comme s'il ne devait y avoir personne et en masse pour se réjouir au contraire de l'élimination d'une série de traîtres...

je compte bien me procurer ce roman afin de juger sur pièces de sa qualité littéraire, merci de signaler sa parution !

mais je constate que le ressort de ce polar en dit long sur l'état d'esprit de la dissidence en question, tout ces "anti-régime" qui en ont pourtant engraissé à commencer par les éditeurs de littérature, journalistique et pseudo-littéraire, qui ont choisi la plume comme arme de combat subversif. à croire que tout ce beau monde se sent suffisamment coupable de dieu sait quoi pour en arriver à concevoir un scénario pareil ?

ce qui aurait été plus trash encore c'est qu'on découvre à la fin que ce sont les anti-régime eux-mêmes qui incitent un tueur à flinguer les plus emblématiques opposants au "régime" afin de provoquer un soulèvement, dans la grande tradition du "drabni ou chka, sbaqni ou chka".

la littérature est rarement innocente, elle peut devenir une arme défensive et offensive, disait pablo picasso, contre l'ennemi du moins celui que l'on considère comme tel...

Salvadorali a dit…

PS

le thème de la duplicité des organisations politiques secrètes et des mouvements révolutionnaires a été magistralement traité par Dostoïevski dans "Les Démons" ("Les Possédés" selon d'autres traductions), ou l'auteur s'inspire du personnage de Serge Netchaïev, un révolutionnaire russe (1847-1882) que Bakounine lui-même, qui avait été un temps son allié, avait fini par désavouer :

« [Serge Netchaïev] est arrivé peu à peu à se convaincre que pour fonder une société sérieuse et indestructible, il faut prendre pour base la politique de Machiavel et adopter pleinement le système jésuite — pour corps la seule violence, pour âme le mensonge. La vérité, la confiance mutuelle, la solidarité n'existent qu'entre une dizaine d'individus qui forment le sanctus sanctorum de la société. Tout le reste doit servir comme instrument aveugle et matière d'exploitation aux mains de cette dizaine d'hommes. Il est permis et même ordonné de les tromper de les compromettre, de les voler et même au besoin de les perdre. »

vers 1870 ce netchaïev qui venait de fonder un mouvement révolutionnaire, avait organisé l'assassinat d'un étudiant qu'il accusait pour la circonstance de trahison, en réalité parce qu'il avait besoin d'une figure de traître dans la mythologie de son mouvement... bref il n'y a jamais rien d'extraordinaire à ce que des "révolutionnaires" se révèlent encore moins vertueux que les régimes qu'il tentent d'éliminer.

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